A Londres, la designer Francesca Sarti nous a concocté un nouveau projet pour Disegno et Gaggenau
Prendre le temps de manger
De nos jours, on accorde de plus en plus d’importance à la nourriture. “Je n’ai vraiment pas le temps” semble être la phrase la plus prononcée par les Occidentaux, et le rythme de vie s’accélère indéniablement. En réponse à cette course effrénée à l’efficacité, et face à la baisse de la qualité de vie qu’elle entraîne, de nombreux mouvements liés à la nourriture sont apparus. Il y a la slow food, l’alimentation biologique, la production en circuit court… Ces mouvements sont en pleine expansion et on accorde de plus en plus d’importance à l’éthique et à un mode de vie conscient. Nous sommes nombreux à vouloir nous rapprocher de l’essentiel.
WC: Le food design se situe à la croisée de multiples disciplines, et c’est l’une des branches du design qui s’est le plus développé au cours de la dernière décennie. Pour ceux qui ne s’y connaissent pas trop, pourriez-vous nous présenter brièvement le food design et nous expliquer en quoi c’est un domaine d’investigation si passionnant aujourd’hui ?
FS: La signification de l’expression “food design” a beaucoup évolué au cours des 10 dernières années. Quand j’ai fondé Arabeschi di Latte en 2001, ce terme était associé à l’industrie alimentaire et au design des produits industriels. Mais pour moi, il évoquait l’expérimentation, l’interaction et les relations. Avec Arabeschi di Latte, j’ai essayé de remodeler ce concept, de créer des expériences sociales interactives et d’utiliser la nourriture comme un outil de recherche sur les tendances sociales et les coutumes, les rituels du monde entier. Je souhaitais tirer des conclusions, et non pas nécessairement des produits.
WC: Comment les aliments et notre relation aux aliments améliorent le food design ?
FS: La nourriture est un formidable outil de communication, idéale pour raconter des histoires et exprimer des idées de manière à toucher le public immédiatement. C’est pourquoi je pense que le food design peut aider à sensibiliser sur de nombreux sujets, comme par exemple inviter le public à améliorer la qualité de l’alimentation et la qualité de vie. J’aime considérer le food design comme une forme d’activisime.
WC: En quoi votre travail est-il associé au mouvement slow food ?
FS: Je partage la plupart des principes du slow food, et je pense que ce mouvement devrait collaborer davantage avec des designers. Cela permettrait de voir les problèmes d’une perspective différente et inattendue, ce qui pourrait amener des solutions intéressantes.
WC: Comment votre travail se rapproche-t-il des pratiques de design plus traditionnelles, comme par exemple le design de produit ?
FS: Je considère que le processus créatif est vraiment similaire des autres branches du design. C’est juste que la nourriture a ses propres spécificités. Premièrement, comme je l’ai dit précédemment, l’alimentation est quelque chose de primaire et de nécessaire, avec de nombreuses implications culturelles voir même sensuelles. Sa nature éphémère nous force à toujours prendre en compte un facteur essentiel : le temps.
WC: Pouvez-vous nous en dire sur votre récent projet avec Disegno et Gaggenau ?
FS: Parce que je considère la subtile relation entre la nourriture et le temps qui passe comme essentielle, j’ai pensé que ce serait une bonne piste pour le projet avec Disegno et Gaggenau.
WC: Quel est votre prochain projet ?
FS: Après ma collaboration avec The Restaurant à Milan, conçu par Tom Dixon, je vais travailler sur le thème des “quatre éléments” pour Caesarstone, et proposer des événements spéciaux et des ateliers. Je suis également en train de développer un nouveau projet autour de l’eau, et je vais construire le Ocean Water Bar que j’ai créé pour Selfridges l’année dernière. Je vais poursuivre mes chères recherches sur l'alimentation, les femmes et l’émancipation. Je suis en train de collecter de nombreuses histoires très intéressantes, et j’espère que vais pouvoir les partager d’une manière ou d’une autre lorsqu’il sera temps.
Vin de pomme fermenté
500 grammes de sucre brun doux
500 grammes de sucre blanc
4 pommes, coupées en quartiers
1 citron, coupé en cubes avec la peau
½ cuillère à café de levure sèche
Une poignée de raisins
Labneh aromatique affiné
Originaire du Moyen-Orient, le Labneh est un fromage doux et crémeux qui peut être facilement réalisé à la maison. Il suffit de mettre du yaourt grec dans un tissu pour l’affiner. Au cours du processus de maturation, l’eau s’écoule à travers le tissu et évoque un genre de sablier : chaque goutte équivaut à une seconde. Le fromage est prêt à consommer quand le goutte à goutte devient moins fréquent et finit par s’arrêter.
1 cuillère à café de sel de mer
1 gousse de vanille râpé
Huile d’olive
Feuilles de basilic frais, finement découpées
Zestes de citron
Pour plus de recettes de Arabeschi di Latte, rendez-vous sur Disegno.
* Images © Michael Bodiam; avec l’aimable autorisation de Disegno
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Texte par
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Wava Carpenter
Après avoir étudié l'Histoire du Design, Wava a porté plusieurs chapeaux pour soutenir la culture du design: professeur d'études du design, organisatrice d'expositions, organisatrice de débats, rédactrice d'articles. Tout cela a façonné son travail en tant que Editrice en Chef chez Pamono.
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