La tradition de tapis de la tribu nomade Kyrgyz dévoilée par Marcella Vanzo
Les tapis à travers les âges
Depuis l’âge de bronze, les gardiens de troupeaux Kyrgyz sillonnent les vallées et les montagnes au fil des pâturages. Originaire des steppes de Sibérie, cette tribu a migré vers la République Kyrgyz, ou Kyrgyzstan, une zone d’Asie Centrale située entre le Kazakhstan et la Chine. Le paysage aride et montagneux de la région a peu à peu modelé le mode de vie et la culture Kyrgyz, qui reste inchangée depuis plusieurs siècles. Durant les étés particulièrement chaud, les tribus Kyrgyz avaient pour habitude de migrer vers la Vallée Alai et les steppes du Turkestan. En revanche, ils passaient les hivers les plus rudes dans la Vallée Fergana. Ils transportaient leurs maigres possessions sur de grandes distances à l’aide de chevaux, de chameaux et de bœufs du fait du peu de ressources disponibles dans l’environnement. Dans leur cargaison, on trouvait toujours des tapis feutrés et ornés, appelés Ala Kyiz, fabriqués à l’aide de techniques ancestrales.
L’avènement du feutre en Asie centrale s’est faite en parallèle de la transition de cette société de chasseurs vers une société de bergers. C’est en commençant l’élevage de moutons que les humains ont découvert le feutre. En effet, leur laine d’hiver, mélangée à l’urine et foulée par les sabots, devient peu à peu du feutre. Les fibres de la laine sont tissées naturellement et faites pour rester ensemble. La laine trempée dans de l’eau bouillante et avec une pression suffisante, devient rapidement du feutre. Ce matériau est si versatile qu’il peut tout aussi bien être utilisé pour les vêtements, les couvertures et les tapis, sans même qu’un métier à tisser ne soit nécessaire. La tribu Kyrgyz était passée maître en la matière et a fait du feutre son premier moyen d’expression artistique.
Les tapis Ala-Kyiz Kyrgyz font partie des plus anciennes sortes de tapis, et ceux dont la technique a survécu le plus longtemps. Des familles entières s’impliquaient dans la production : les hommes étaient chargés de la tonte des moutons et de la préparation de l’ébullition, tandis que les femmes et les enfants nettoyaient la laine. En revanche, tout le monde pouvait prendre part au procédé final de pressage, que ce soit avec les pieds, à l’aide d’outils ou encore d’animaux.
Les tapis Al-Kyiz sont connus pour leurs motifs graphiques et leurs combinaisons de couleurs uniques, qui rappellent les paysages et les croyances des Kyrgyz. Les teintures provenaient principalement de végétations locales, la feuille d’oseille, l’acacia des sables, la morelle, la grenade, la bardane de chameau, le noyer et la garance. A l’époque de la route de la soie, les vendeurs d’Iran et d’Inde ont introduit les teintures indigo et cochinéales sur le marché régional. La vie des Kyrgyz était tellement influencée par la nature que leur vision du monde en devenait presque chamanique. Même après l’avènement de l’Islam au 7ème siècle, leur adoration pour la terre et le ciel a subsisté. Les designs rythmiques et ornementaux des tapis Al-Kyiz exprimaient les racines païennes du peuple, avec des symboles de fertilité tels que des cornes d’abondance.
Bien plus que de simples décorations, ces tapis étaient essentiels pour la survie des Kyrgyz. Comme beaucoup de tribus nomades d’Asie Centrale, les Kyrgyz vivaient dans des yourtes : des sortes de tentes avec un toit conique enroulées dans des murs d’osiers et recouvertes d’un épais feutre. Les murs et sols intérieurs étaient recouverts de tapis isolant l’espace lors de températures extrêmes.
En plus d’être au centre de leur créativité et de leur économie, les tapis Ala-Kyiz ont été très importants pour le peuple Kyrgyz pendant plus de 10 000 ans. Cependant, la modernisation du 20ème siècle et ses changements radicaux a peu à peu diminué le mode de vie des Kyrgyz, pour finalement faire disparaître les traditions de tapis en Asie Centrale. Raffaele Carrieri, propriétaire de l’Altai Gallery de Milan et spécialiste des tapis antiques de cette région, s’est donné comme mission de préserver cette histoire et de faire la liste des collectionneurs de ces tapis. “Les feutres Ala-Kyiz sont les véritables ancêtres des tapis modernes, car ils ont été créés bien avant les métiers à tisser. D’ailleurs, ils ressemblent beaucoup à des tapis contemporains.” Plus la liste de collectionneurs grandit, plus Raffaele Carrieri réalise que les exemplaires antiques n’existent plus dans les régions locales. Selon lui, cette augmentation a à voir avec l’expression esthétique de la rareté. “Les feutres Kyrgyz existent à travers les âges. Cette forme artistique a survécu à un nombre incalculable de générations. Leur force visuelle ne peut être communiquée que par une réelle œuvre d’art.”
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