Design legend Giulio Cappellini on collaboration, vision, and gut instinct
Le Maestro
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Giulio Cappellini
Photo © Mattia Balsamini pour Pamono
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Cappellini Milano
Photo © Mattia Balsamini pour Pamono
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Giulio Cappellini
Photo © Mattia Balsamini pour Pamono
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Cappellini Milano
Photo © Mattia Balsamini pour Pamono
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Cappellini Milano
Photo © Mattia Balsamini pour Pamono
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Cappellini Milano ; la Low Pad armchair de Jasper Morrison au premier plan
Photo © Mattia Balsamini pour Pamono
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Cappellini Milano
Photo © Mattia Balsamini pour Pamono
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Cappellini Milano, photo d'un magasin de la marque
Photo © Mattia Balsamini pour Pamono
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Cappellini Milano ; la Marcel Wanders' Ant Chair (premier plan)
Photo © Mattia Balsamini pour Pamono
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Cappellini Milano
Photo © Mattia Balsamini pour Pamono
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Acquarello par Federico Angi
Photo © Mattia Balsamini pour Pamono
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NOM (Nature of material) par Bakery Studio
Photo © Mattia Balsamini pour Pamono
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Cappellini Milano
Photo © Mattia Balsamini ; avec l'aimable autorisation de PAMONO
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Homage to Mondrian par Shiro Kuramata
Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Cappellini
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Proust Geometrica par Alessandro Mendini
Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Cappellini
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Peacock par Dror Benshetrit
Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Cappellini
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Giulio Cappellini et Oki Sato of Nendo
Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Cappellini
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Giulio Cappellini
Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Cappellini
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Giulio Cappellini et Paola Navone
Photo reproduite avec l'aimable autorisation de Cappellini
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Giulio Cappellini
Photo © Mattia Balsamini pour Pamono
La présence du designer et directeur artistique italien Giulio Cappellini serait incroyablement imposante s’il n’était pas si… charmant. Au cours des dernières 30 et quelques années, il a dirigé l’une des marques de design les plus réputées qui ont été à l'origine de nombreuses tendances. L’entreprise familiale Cappellini a été créée en 1946 et Giulio commence à travailler pour elle au début des années 1980 ; il élargit son champ d’action de la production de mobilier artisanal à la fabrication de pièces de design internationales et révolutionnaires.
Il réussit ce virage en adoptant une approche internationale, en identifiant et soutenant des talents novateurs et émergents du monde entier et en nouant des liens personnels avec eux. Il a établi et maintenu des relations avec des talents tels que Tom Dixon, Jasper Morrison, Nendo, Inga Sempé et beaucoup d’autres et les résultats parlent d’eux-mêmes. De Pyramid Chest de Shiro Kuramata’s à la Bird Chaise Longue de Tom Dixon et la Knotted Chair de Marcel Wanders’s
le portfolio de la marque comporte un nombre incroyable de pièces design légendaires. De fait, au moment d'écrire ces lignes, plus de 30 pièces de Cappellini sont incluses dans des collections de musées du monde entier.
Nous avons rencontré Monsieur Cappellini qui s’est livré sur sa carrière, les joies continuelles de la recherche de nouveaux talents et l’héritage qu’il espère laisser.
Anna Carnick : Au cours des dernières décennies, vous avez aidé à identifier (et à soutenir) des talents importants dans le monde entier en les encourageant par le biais de collaborations. Comment choisissez-vous les designers avec qui vous voulez travailler ? Y a-t-il un fil conducteur qui lie tous les designers avec qui vous avez travaillé ?
Giulio Cappellini : Le processus de découvrir des nouveaux talents est très intuitif. Les rencontres se produisent toutes de manières différentes mais le choix est toujours une question de coeur ; cela se produit instinctivement quand je vois un prototype ou une esquisse ou en parlant simplement à un designer et en établissant une connexion avec lui.
AC : Est-ce que vous pouvez donner un exemple ou deux d’un design particulier que vous avez vu au cours des dernières années et que vous avez immédiatement voulu avoir dans votre maison (et donc aussi pour votre marque) ?
GC : La S-Chair par Tom Dixon (1991) et la Thinking Man’s Chair (1988) par Jasper Morrison, toutes deux pour Cappellini.
AC : Est-ce qu’il y a des designers émergents qui vous impressionnent particulièrement en ce moment ?
GC : Il y a des nouveaux designers jeunes et prometteurs partout dans le monde. En Italie, je trouve Lanzavecchia + Wai particulièrement intéressant pour leur approche cultivée et cosmopolite. En Europe du Nord, je suis impressionné par l’élégante simplicité du langage de design de GamFratesi. Et il y a aussi de nombreux designers émergents de talent en Extrême-Orient et en Amérique du Sud.
AC : Comment décririez-vous votre approche quand vous collaborez avec des designers ?
GC : Au début d’une relation avec un nouveau designer, je ne mets jamais de limites sur les typologies, les matériaux ou les technologies. Je dis simplement au designer : jetez un œil au catalogue Caps et essayez de concevoir quelque chose que l’on pourrait inclure dans ses pages.
AC : Au fil des années, vous avez travaillé avec des designers d’excellence. Est-ce que certains se distinguent pour vous, est-ce que certaines collaborations ont été particulièrement agréables, gratifiantes ou spéciales ?
GC : J’ai eu la chance de rencontrer et de travailler avec de nombreux designers. Dans certains cas, la relation a commencé comme une amitié et a évolué vers la création d’un produit, ou comme une coopération qui a entraîné une future collaboration. Avec d’autres, il s’agissait simplement d’amitiés qui ont lieu de manière indépendante et n’ont pas débouché sur des collaborations professionnelles. Pour ce cas précis, je pense à Konstantin Grcic, Hella Jongeriuset beaucoup d’autres.
AC : J’ai cru comprendre qu'à vos débuts vous ne projetiez pas de travailler pour l’entreprise familiale. Qu’est-ce qui vous a fait changé d’avis ?
GC: Je pensais être un designer et un architecte. J’ai commencé à travailler avec la petite affaire familiale pour gagner de l’argent et j’ai commencé à m'intéresser à l’aspect commercial. Puis, tout à coup, un soir, j’ai décidé de poursuivre cette voie. Mes décisions sont toujours faites instinctivement, sans beaucoup de remise en question.
AC : Quelle a été la raison derrière votre envie de recentrer la marque Cappellini du mobilier artisanal à une fabrication et des designs plus internationaux ? Comment avez-vous réussi à accomplir un tel changement ambitieux ?
GC: Tout s’est produit par hasard et par passion plutôt que par un plan clair et prédéterminé. En voyageant, je me suis rendu compte qu’il y avait une multitude de choses merveilleuses à accomplir dans le design. Je voulais soutenir de jeunes designers du monde entier dont le talent mérite une scène internationale. Donc, petit à petit, grâce à des collaborations internationales, l’entreprise a grandi et est devenue connue à l’international. Pendant toute cette démarche, j’ai été guidé par ma passion pour le design, un sentiment de curiosité et un certain sens du professionnalisme.
AC : Comment l’Histoire du design italien affecte-t-elle votre esthétique et/ou votre approche créative ?
GC: La connaissance de l’histoire du design italien, et de ses origines en particulier, a bien évidemment joué un rôle clé dans ma formation. Aussi, quand j’étudiais à la Polytechnic of Milan, j’ai eu le privilège de travailler pendant un an dans le bureau de Gio Ponti, le grand protagoniste de cette aventure incroyable. Mais j’ai toujours été intrigué par ce qui se passait à l’étranger : derrière chaque projet majeur, il y a toujours des gens incroyables. Dans l’histoire du design italien, l’élément qui m’a toujours impressionné c’est la forte envie des entrepreneurs d’innover, de tracer de nouvelles routes avec des designers novateurs.
AC : Vous avez pris la tête de l’entreprise familiale pendant les temps forts du postmodernisme ; comment l’esprit de cette période vous a-t-elle influencé ?
GC : Le mouvement post-moderne était un moment de réflexion sur le design classique bourgeois italien à Milan. J’adore la couleur et les textures et l’esprit postmoderne a nettement influencé ma manière de travailler et m’a donné le courage d’oser.
AC : Comment pensez-vous que la conversation autour du design, ou même le secteur lui-même, a changé depuis que vous avez débuté votre carrière ?
GC : La production de design et industrielle a beaucoup changé comparé à ces temps-là, peut-être même un peu trop ! Aujourd’hui, je constate une quête exaspérée des clients pour du calme et du réconfort — une tendance qui risque de devenir ennuyeuse et sans âme.
AC : Avez-vous des prédictions sur l’évolution de ce secteur au cours de la ou des deux prochaines décennies ?
GC : Il y aura sans doute de grands changements liés aux attentes fluctuantes du consommateur ainsi qu’à sa liberté de mélanger des produits différents et créer des environnements qui reflètent sa personnalité. Les environnements domestiques et publics liés à l’hôtellerie sont en train d’évoluer rapidement ; les industries et les designers doivent donc penser avec attention aux produits qui satisferont les envies réelles du consommateur — de beaux produits utiles qui font, avant tout, sourire et rêver.
AC : Quelles sont les leçons les plus importantes que vous avez apprises depuis la reprise de l’entreprise familiale en 1979 ?
GC : Croit toujours en ce que tu fais. Remet tout en question. Travaille avec ténacité — avec une pointe d’ironie et d’humour.
AC : Quels sont les plus grands risques que vous avez pris pour la marque ? (Avec le recul, avez-vous des regrets ?)
GC : J’ai toujours pris des risques dans ma vie personnelle et professionnelle. J’ai toujours tout donné à mes projets et aux personnes en qui je crois. Si je pouvais revenir en arrière, je ferais ce que j’ai fait, les bonnes décisions comme les erreurs. [Ceci dit], le plus grand risque est de parier sur des jeunes designers émergents — d’investir dans leur travail, d’espérer qu’ils puissent concevoir de bons produits pour Cappellini et qu’il puissent devenir des designers reconnus dans le monde entier.
AC : Si vous deviez choisir un aspect de l'esthétique de Cappellini qui la distingue des autres designers d’aujourd’hui, qu'est-ce que vous choisiriez?
GC : La liberté d’expression et l’envie de toujours innover.
AC : Quel héritage aimeriez-vous laisser ?
GC : J’essaye de créer, avec un groupe divers de designers, une collection des classiques de design contemporains, des produits qui sont pertinents aujourd’hui et qui seront aussi des bestsellers atemporels. J’espère que dans le futur Cappellini continuera d’exister comme une plateforme multiculturelle qui reflète l’évolution constante de l’art de vivre contemporain.
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Text by
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Anna Carnick
Anna est la Rédactrice en Chef de Pamono. Ses textes ont figuré dans plusieurs publications d'art et de culture et elle a rédigé plus de 20 livres. Anna aime rendre hommage aux grands artistes et elle apprécie tout particulièrement les bons pique-niques.
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Images by
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Mattia Balsamini
After a number of years freelancing while traveling, Mattia moved back to his home town of Pordenone, Italy, where he continues to pursue his passion for photography. He loves bread, apples, warm weather, and fast alpine skiing.
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